Sur les hauts plateaux du Mustang, à 3900 mètres d’altitude, le village de Dhey vivait depuis des générations du rythme des saisons et de la générosité de ses terres. Mais depuis douze ans, l’eau se fait de plus en plus rare. Les sources qui alimentaient les champs s’assèchent, victimes du réchauffement climatique qui frappe particulièrement cette région reculée du Népal, coincée entre les Annapurnas et la frontière tibétaine.
Face à cette réalité implacable, les habitants de Dhey ont pris une décision courageuse : déplacer entièrement leur village vers Thangchung, où l’eau est encore accessible. Un projet d’une ampleur exceptionnelle, que SolHimal accompagne pour permettre à cette communauté de préserver son mode de vie et sa culture tibétaine ancestrale.
Un territoire au cœur de l’histoire tibétaine
Le Haut Mustang n’est pas un territoire comme les autres. Ancien royaume suzerain du Tibet jusqu’au 18ème siècle, il a conservé ses prérogatives nobiliaires même après son rattachement au Népal en 1951. Jusqu’en 2008, un raja régnait encore sur cette région qui a longtemps servi de base arrière aux guerriers tibétains Kampas dans leur résistance contre l’invasion chinoise.
Fermé aux étrangers jusqu’en 1992, le Haut Mustang a ainsi préservé un mode de vie, une culture et une religion de référence purement tibétaine. Les habitants de Dhey perpétuent ces traditions séculaires, parlent tibétain et pratiquent le bouddhisme dans sa forme la plus authentique.
Quand la terre ne peut plus nourrir ses enfants
Depuis plus de douze ans, les villageois de Dhey assistent impuissants au tarissement progressif de leurs sources d’eau. Les conséquences sont dramatiques : 60% des terres, autrefois fertiles, sont devenues impropres à la culture. Pour des familles qui vivaient exclusivement de l’agriculture, cette situation équivaut à une condamnation.
La rivière coule toujours en contrebas du village, mais la topographie escarpée et l’absence de moyens techniques rendent impossible le transport de l’eau jusqu’aux habitations et aux champs.
Le choix de l’espoir en reconstruisant à Thangchung
Plutôt que de voir leur village mourir lentement, les habitants de Dhey ont choisi de le faire renaître à Thangchung, où l’eau est accessible. Cette décision collective témoigne d’une détermination remarquable : préserver leur communauté et leur mode de vie en acceptant de tout reconstruire ailleurs.
Le projet de déplacement comprend la construction de nouvelles maisons pour accueillir les familles, un dispensaire pour les soins de santé, et une école – en partie financée par la fondation Tryba – qui permettra aux enfants d’être scolarisés localement. Cette école ne servira pas seulement aux enfants de l’ancien village de Dhey, mais aussi à ceux de trois villages voisins : Tengye, Yara et Ghara.
Préserver les liens familiaux et culturels
Au-delà de la simple reconstruction matérielle, ce projet vise à maintenir la cohésion sociale et culturelle de la communauté. En permettant aux enfants d’être scolarisés sur place, les familles n’auront plus à se séparer pour assurer l’éducation de leurs enfants. Les liens familiaux, pilier de la société tibétaine traditionnelle, seront ainsi préservés.
Cette école locale permettra également de transmettre aux jeunes générations les valeurs, la langue et les traditions tibétaines qui font l’identité du Haut Mustang. Dans un monde en mutation rapide, c’est un maillon essentiel pour assurer la continuité culturelle de cette communauté unique.
Un projet d’espoir face aux défis climatiques
Le déplacement de Dhey vers Thangchung illustre de manière concrète les défis auxquels font face les populations himalayennes confrontées au changement climatique. Loin des débats théoriques, il s’agit ici de survie immédiate et de préservation d’un mode de vie ancestral.
En soutenant ce projet, SolHimal accompagne une communauté dans sa volonté de ne pas subir les événements mais de les transformer en opportunité de renaissance. Car c’est bien de cela qu’il s’agit : permettre à un village de renaître ailleurs, plus fort et mieux équipé pour affronter l’avenir, tout en conservant son âme tibétaine.
Ce projet témoigne de la résilience extraordinaire des populations himalayennes et de leur capacité à s’adapter aux changements tout en préservant leur identité. Il montre aussi que la solidarité internationale peut prendre des formes concrètes et durables, en accompagnant des communautés dans leurs propres solutions d’avenir.
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