Sans accès routier, le village de Thuman est isolé à 2400m d’altitude à la frontière tibétaine de la Chine, sur le versant Est de la vallée du Langtang. Pour s’y rendre depuis la capitale, un accès routier permet de faire la liaison de Katmandou à Syaphru Besi en 8h de route et ensuite de Syaphru Besi à Thuman en 4h de marche.
Les habitants, au nombre de 800, sont d’origine Tamang, ethnie tibeto-birmane, de religion bouddhiste tibétain, arrivés au Népal par des vagues successives d’immigration anciennes depuis le 17ème siècle. La population vit d’une activité agricole de subsistance. La terre est riche, composée essentiellement d’un mélange sablo-argileux, et se prête à la culture du blé, du millet, des haricots, des lentilles et des pommes de terre. Des familles d’éleveurs vivent de leurs chèvres ou bovins.
Le trek « Tamang heritage trail » traverse le village et procure l’unique source de revenu extérieur conséquente pour le village. L’électrification du village est opérationnelle, tout comme le réseau téléphonique. Les conditions de vies y sont difficiles (manque de structures médicales, de toilettes publiques et un réseau d’eau non potable).
Le village étant construit à flanc de versant, l’architecture s’est adaptée à cette contrainte et a conçu des maisons d’un style particulier. Les habitats se composent de murs en pierre sèche et d’une façade ouvrant sur la vallée, en bois sculpté et parfois peint. Le rez de chaussée est occupé par le bétail et le premier étage constitue l’unique pièce de vie servant de cuisine, de lieu de prière et de chambre ; maisons sans eau courante, ni isolation, et dont la cuisine n’a pas nécessairement de foyer : le feu se faisant à même le sol.
De nombreuses familles nomades vivent en alpages pour chercher en altitude le fourrage nécessaire au bétail. D’autres, plus rares vivent en forêt pour l’exploitation du bois.
Le projet de la nouvelle école.
L’école a été détruite par le séisme. Une structure temporaire avait été édifiée sur le site mais ne permettait pas aux enfants d’étudier dans des conditions satisfaisantes (bloc monolithique en tôle sans revêtement de sol, ni de traitement des eaux pluviales qui pénètrent dans les salles de classes).
L’objectif était de redonner au village de Thuman la possibilité de scolariser dans de bonnes conditions les élèves continuant à fréquenter l’école, en présence de leurs enseignants restés eux aussi sur place.
Le projet consistait à concevoir l’école sur l’emplacement d’origine et d’en agrandir la surface utile de 30% en augmentant le nombre de salles de classe à huit. L’enjeu était de bâtir en respect des conceptions parasismiques avec la contrainte d’un budget limité. La solution retenait le principe de limiter les coûts du transport, en optimisant le recours à des matériaux sur place, à savoir, la pierre et le bois.
Le choix de la conception s’est appuyé sur le « National Building code », document de référence pour les constructions au Népal. Le principe est simple : les murs sont composés de pierres maçonnées dans lesquelles viennent s’intégrer une structure en bois par des poutres et poteaux liés entre eux et noyés dans la maçonnerie. Les efforts en cas de séisme sont repris par cette structure en bois. Les pierres assurent donc uniquement un rôle de remplissage. Cette technique permet de diminuer les coûts de la construction et de limiter les transports et de favoriser l’économie locale par la sous-traitance de main d’œuvre chargée d’exploiter les ressources naturelles sur le site.